Voir Kalaisa et mourir (AAR) - 05 - Prologue II

Prologue II : Sur la planète Hexawyr...

Des mois plus tard, Kira vêtu en habit autochtone, descendit sur Hexawyr avec son escorte par la dernière navette furtive. Accompagné de 8 fusiliers impériaux et d’un lieutenant, il put enfin profiter de l’air pur et vivifiant de la planète. La permission accordée à l’équipage avait rencontré un immense succès. Et le moral de l’équipage était à présent remonté au beau fixe.

Discrètement, Kira et son escorte parvinrent à se faufiler dans une petite ville de la planète. Et là, le commandant n’en revenait pas : il voyait tant d’extraterrestres de races différentes, des elfes, des nains, des grands lézards, et même des humanoïdes ailés ! Piqué au vif, Kira parla à Suram via son implant qui le reliait directement au croiseur de combat.
— Impressionnant ! Ils sont certes si primitifs… Ils ne connaissent pas encore la poudre à canon ni l’électricité. Mais ils sont si beaux et créatifs dans leurs bibelots, bijoux et épées.
— Tu vois ! s’écria l’IA satisfait. Ils vivent en parfaite harmonie. Ils donneraient d’excellentes leçons en ingénierie sociale à nos plus émérites professeurs !
— Comment cela se fait-il ?
— Selon les légendes, ils pratiquaient la magie. Ils vénéraient même un dieu terrible et craint qu’ils nommaient le Pantokrator. Ce dieu…
— Bêtise tout cela ! coupa Kira en ricanant.

L’escorte et le commandant se trouvaient à présent sur la grande place du marché de la ville. Kira vit alors de magnifiques fruits rouges disposés en pyramide dans un étal d’un marchand. Impressionné par leur taille, il vérifia via son implant, qui avait accès aux bases de données impériales, si ces fruits rouges étaient comestibles. L’implant lui fournit immédiatement la réponse : comestible et même recommandé, car c’était riche en fer et en vitamine C. Kira s’arrêta alors devant le marchand et lui demanda le prix de ces fruits. L’implant du commandant traduisit immédiatement les mots de Kira en langage autochtone.
— Combien pour ces magnifiques fruits ? fit la voix modifiée du commandant
— 5 pièces de cuivre pour 3 fruits, monsieur.
Le commandant acquiesça, trouvant le prix raisonnable. Mais il ne vit pas alors le marchand le dévisager très attentivement. Le marchand devint subitement très pâle, tout tremblant de peur et de crainte révérencielle. Il balbutia avec difficulté :
— Mais pour vous, ce sera gratuit ! Ô…
Le dernier mot du marchand fut intraduisible par l’implant du commandant. Cela alerta Kira qui s’apprêtait à payer.
— Quoi ? Gratuit ?
— C’est gratuit ! insista le marchand livide tout en emballant le paquet de fruits et s’empressa de lui donner le tout.
— Euh… merci, vraiment merci… fit alors Kira gêné.

Soudain tous les autres marchands des étals voisins commençaient à murmurer entre eux, tout en montrant Kira du doigt ! Le lieutenant de l’escorte s’approcha de Kira très discrètement et lui murmura à l’oreille.
— Je ne sais pas ce qui se passe. Mais nous devrions nous tirer d’ici en vitesse. Ils semblent vous connaître, commandant !
— Je ne comprends pas ! fit Kira. OK ! Barrons-nous d’ici !

Très vite, ils se retrouvèrent dans un quartier à l’abandon de la ville envahie par les mauvaises herbes et des petits animaux divers qui paressaient au soleil. Il y avait des ruines partout sauf un très curieux temple en un très excellent état. Cela attisa la curiosité du commandant. Au pied du temple se tenait une très vieille dame bossue qui faisait tinter régulièrement sa sébile. L’officier d’escorte chuchota alors au commandant :
— C’est une très vieille dame. De nombreux marins l’ont croisée et l’aiment bien ! Elle est complètement aveugle, mais elle a un don étrange… de voir l’avenir !
— Voyons ! Une vulgaire et banale diseuse de bonne aventure ! On en voit partout sur toutes les planètes ! fit Kira en riant. Ne me dites pas que vous croyez à des trucs pareils !
Le lieutenant rougit, mais il chuchota encore plus bas pour ne pas être entendu des hommes de l’escorte.
— Je sais, de source sûre, que notre ingénieur en chef s’est vu prédire qu’il retomberait en enfance pour enfin découvrir le secret de la cargaison et y résoudre le problème insoluble.

Kira regarda stupéfait le lieutenant de la Spatiale et se demanda sérieusement si c’était vraiment une bonne idée ces permissions ? L’équipage pouvait être irrationnel ou carrément superstitieux s’il ne prenait pas garde ! Il voulut secouer un peu le lieutenant trop superstitieux. Mais une voix tremblante l’interrompit :
— Bienvenu Ô Seigneur ! Une piécette pour une pauvre ère qui en a trop vu sur cette terre !

La vieille se tenait effectivement derrière lui et se tenait à peine debout, perchée sur une très fine canne. Kira voulut dire quelque chose, mais ses mots moururent sur ses lèvres. Les yeux de la vieille étaient d’un blanc laiteux pour avoir tant vécu, tant vu de choses. Sans réfléchir, Kira glissa dans la sébile de la vieille une pièce d’or. La vieille dégageait malgré sa prodigieuse laideur un certain charisme et magnétisme. Elle devait être très belle dans sa jeunesse, pensa Kira.

Soudain, d'une force terrifiante, la vieille se saisit de la main du commandant qui venait de lui donner la piécette. Alertés, les soldats de l’escorte voulurent intervenir. Mais Kira d’un geste les calma. La vieille ne prêta aucune attention, tellement elle était concentrée sur la main du commandant. Langoureusement, elle caressait la main du commandant. Puis d’une voix surprenante et puissante, la vieille parla :
— Vous venez de très loin, Ô commandant, enfant des étoiles ! Votre destin vous attend à Hexawyr. Vous mourrez ou vous vivrez selon les lois divines. Si vous voulez des réponses au doute qui vous ronge ; de voir ce qui vous est caché depuis un an et que tout l’univers redoute ; et du pourquoi le peuple d’Hexawyr vous craint ? Alors, écoutez mes mots ou partez !

Abasourdi, Kira était cloué sur place. Il ne put proférer aucun mot. La vieille sourit comme ferait une chatte affamée devant une souris dodue. Kira réussit, malgré tout, à réunir tous ses efforts de concentration et de self-control et parla. Cela déconcerta la vieille qui recula malgré elle, comme si elle redoutait tant ce moment.
— Je vous écoute ! fit Kira de sa voix claire.
— Voir Kalaisa et mourir ! prophétisa alors la vieille dans un rire démentiel tout en pointant de son doigt crochu l’intérieur du temple.
— Voir Kalaisa et mourir ! répéta Kira dans un état second.

Ses pas se dirigeaient déjà vers l’intérieur du temple.

Il n’entendit pas le hurlement déchirant dans l’air d’une pinasse de combat et qui atterrissait près du temple en catastrophe.
Il n’entendit pas non plus la sirène d’alarme qui sonnait aux tréfonds de son être, via son implant du branlement de combat du croiseur.
Il n’entendit pas davantage l’appel désespéré de son IA qui disait en boucle : « Les Ravans nous attaquent ! On a été trahi ! »
Seul le rire démentiel de la vieille guidait les pas de Kira jusqu’au pied de l’immense statue.

(trouvé du site : http://www.moviemodeller.co.uk/Raide...-Kit-1/6-Scale)

Kira vit, avec horreur, la statue d’un redoutable guerrier qui maniait une magnifique épée, d’une déité inhumaine et si redoutable. La statue pleine de majesté, dégageant une telle puissance était tout bonnement lui-même, vêtue d’une armure de combat de la Spatiale !
Kira, sonné, de se voir ainsi, balbutia :
— Que se passe-t-il ?
Kira fut alors violemment emporté par ses hommes vers l’extérieur du temple où l’attendait la pinasse. Avant de sombrer dans l’effroyable tourbillon de la guerre, Kira eut juste le temps de voir que la vieille avait disparu ! Il murmura malgré lui-même :
— Voir Kalaisa et mourir !

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